Chapitre 3

C’est pas ma faute à moi

Du désintérêt au climatoscepticisme

SOMMAIRE

Le réchauffement climatique, t’y crois ou t’y crois pas ?

Climatoscepticisme, déméler le vrai du faux

La fast-fashion : un déni environnemental

Le réchauffement climatique, t’y crois ou t’y crois pas ?

Né aux Etats-Unis dans les années 1980, le climatoscepticisme désigne le courant de pensée auquel adhèrent les climato-sceptiques, auto-proclamés « climato-réalistes ». Ce mouvement prend de l’ampleur depuis quelques années en France. Mais qui sont les climato-sceptiques ? Quelle différence existe-t-il entre les Etats-Unis et la France ? Petit tour d’horizon.

Le climato-scepticisme est le fait de nier l’existence du réchauffement climatique ou l’incidence de l’activité humaine sur celui-ci. Selon Philippe Huneman, philosophe spécialiste du climat et de ceux qui réfutent son réchauffement, explique son apparition outre-Atlantique. « Les gens commençaient à remettre en cause le réchauffement de la planète, mais le terme de climato-scepticisme s’est démocratisé quelques années plus tard. » Il existe désormais un consensus : les scientifiques s’accordent pour dire que le réchauffement climatique est dû à l’activité humaine. « Aujourd’hui, nier cela ce n’est plus être dans la science », affirme Philippe Huneman.

Crédit : Fabian Castillo Rodriguez et Gauthier Hascoët

Mais alors, qui sont les personnes qui adhèrent à ce courant de pensée ? Selon le philosophe, ce sont principalement les plus de 60 ans. « Cette génération est née dans un monde de pétrole où tout était fait en plastique. » Ainsi, ils ne perçoivent pas l’aspect néfaste de l’activité humaine sur le climat puisqu’ils ont grandi dans un système gangréné par la pollution. Mais l’âge n’est pas le seul facteur. Pour Huneman, ces personnes qui refusent de croire que le réchauffement climatique est lié à l’activité humaine ne feraient d’abord pas confiance à la science. Ensuite, elles ne seraient pas vraiment impactées par les effets de cette hausse des températures. Elles se refusent ainsi à croire que cela existe car « il pleut au mois de mai » ou « il fait froid en hiver ».

Pour lui, « les personnes les moins favorisées sont souvent pointées du doigt car elles n’ont pas les moyens de consommer par exemple. Alors que les plus riches, qui le font, polluent en réalité beaucoup, en prenant largement l’avion par exemple… »

Un sujet très politisé outre-atlantique

Outre-atlantique, le phénomène est bien plus présent. Si 86 % des Américains font confiance à la science sur de nombreux sujets lorsqu’il s’agit d’environnement, le pays compte le nombre le plus élevé de personnes niant les bouleversements du climat (7 %), ou pensant que les activités humaines ne sont pas en cause (10 %). Les politiques américaines y seraient pour beaucoup. En 2001, le président Bush sort du protocole de Kyoto. Ce dernier oblige les pays engagés à réduire d’au moins 5% leurs émissions de gaz à effet de serre sur la période 2008-2012 par rapport aux niveaux de 1990. Quinze ans plus tard, Donald Trump est élu président des Etats-Unis. Ouvertement climatosceptique, le président amplifie le phénomène. Il déclarera notamment au cours de son mandat que le réchauffement climatique est un « concept créé par les Chinois pour réduire la compétitivité de l’industrie américaine. » En s‘emparant ainsi de ce sujet, Donald Trump a accru la défiance du camp républicain. Les démocrates eux, se sont attaqués très tôt au problème et ont ainsi politisé le sujet au point d’en faire un marqueur idéologique. Le journaliste Hervé Gardette analyse sur France Culture : « La population américaine est sensible à ce débat car il y a une polarisation politique : le pays est divisé entre Républicains et Démocrates. »

L’un des nombreux tweets climatosceptiques publiés par Donald Trump sur son compte aujourd’hui suspendu.

Au-delà de la sphère politique, les médias et les réseaux sociaux ont aussi un rôle à jouer. Selon le magazine Bastamag : « Si le climatoscepticisme infusait insidieusement, les médias lui ont donné la parole et une visibilité auprès du grand public. Les blogs sur Internet ont permis d’importer les théories venues des États-Unis ainsi que le mot  climatosceptique, puis les médias mainstream français s’en sont emparés pour faire de l’audience, du buzz, du clic. »

Climatoscepticisme, démêler le vrai du faux

Si le réchauffement climatique est acquis pour beaucoup, quelques personnes réfutent encore son existence ou son lien avec l’activité humaine. Ce sont les climatosceptiques. Pour Dégel, nous en avons rencontré deux et avons ensuite confronté leurs idées avec celle d’une climatologue.

La fast-fashion : un déni environnemental

2700 litres d’eau. C’est la quantité moyenne nécessaire pour fabriquer un t-shirt neuf. A cela, il faut ajouter les pesticides utilisés pour traiter les matières premières (coton, lin…) et le transport de nos vêtements, souvent fabriqués à l’autre bout du monde. Pourtant, la fast fashion a encore de beaux jours devant elle. Raisons économiques, liées à la mode ou simple ignorance ? Anouk Caron et Gauthier Hascoët sont allés interroger des Grenoblois au centre commercial Grand’Place.

Anouk Caron, Fabian Castillo Rodriguez, Gauthier Hascoët, Karine Rongba et Cyril Theophilos