Chapitre 5

C’est pas si Sorcier

Les relations entre scientifiques et médias

SOMMAIRE

Vulgariser pour sensibiliser

Scientifiques et médias : comment s’entendre ?

La cause climatique, une histoire d’engagement

Médias locaux et climat

Vulgariser pour sensibiliser

Sciences physiques, sciences du vivant, sciences humaines et sociales… Toutes les disciplines universitaires se sont saisies d’une manière ou d’une autre de la question du climat. Et le consensus scientifique s’accorde pour dire que le dérèglement climatique est une réalité. À Grenoble, de nombreux chercheurs travaillent sur cette thématique. Face à l’urgence, beaucoup sont convaincus d’avoir une part de responsabilité et un rôle à jouer dans la prise de conscience du public.

« Si nous sommes un certain nombre de scientifiques à mettre la question du changement climatique sur la table, alors c’est sûrement qu’il y a un vrai sujet. » Gérémy Panthou est hydro-climatologue à l’Institut des géosciences de l’environnement (IGE) de l’Université Grenoble-Alpes. Pour lui, la société “fait un cadeau” aux chercheurs en leur donnant du temps pour leurs travaux. « Notre responsabilité, c’est de rendre à la société ce cadeau qu’elle nous a fait en publiant nos études et en laissant le public s’en saisir », explique-t-il.

Stéphane La Branche, sociologue du climat, considère lui aussi que ses travaux doivent être rendus publics. « Une fois que j’ai fait ça, j’ai fait mon travail de scientifique. Après, ce que les gens et les collectivités territoriales font de mes recherches, ça n’est plus ma responsabilité », précise-t-il. C’est pourquoi Stéphane La Branche communique via des rapports et donne une vingtaine de conférences publiques par an pour vulgariser le résultat de ses recherches auprès des citoyens.

Le risque de la simplification

Pour Alexis Lamothe, doctorant à l’IGE, communiquer auprès du grand public constitue également un élément important. Il reconnaît cependant que « le problème climatique est tellement multiple que c’est difficile de bien en parler. On ne veut pas trop simplifier la question pour ne pas prendre le risque de dire quelque chose de faux et que ça nous retombe dessus ». D’autant que « le savoir scientifique est composé de multiples incertitudes ». D’ailleurs, communiquer sur ces incertitudes constitue une autre difficulté pour les scientifiques. Ne pas savoir est parfois difficile à entendre pour le public et peut donner une impression de faiblesse alors que douter et ne rien prendre pour acquis, « c’est justement cela qui fait la force de la science. »

La recherche est une activité chronophage. Également lorsqu’il s’agit de trouver des fonds, des partenaires… Le temps passé à faire tout ça ne peut pas en plus être employé à la communication. Comment y parvenir donc ? Et surtout, comment présenter l’information et se détacher du discours scientifique technique sans pour autant perdre en précision ? 

 

Scientifiques et médias : comment s’entendre ?

Pour que le grand public puisse avoir conscience des problématiques et des effets du réchauffement climatique, certains chercheurs ont choisi de communiquer leurs travaux dans les médias. Mais s’exprimer n’est pas toujours facile. Pour vulgariser simplement, à chacun sa technique.

La cause climatique, une histoire d’engagement

Les scientifiques divergent quant à la porosité de la séparation nécessaire entre activités scientifiques et militantes. Pour eux, le climat est plutôt affaire d’engagement personnel. 

Lorsqu’on leur demande s’ils sont militants, ces scientifiques s’expriment avec précaution. Engagés personnellement ? Oui, ils le sont. Mais pas dans leur vie professionnelle. Tous les chercheurs interrogés insistent d’ailleurs sur ce point : leur avis n’engage qu’eux, et n’est en aucun cas représentatif de la communauté scientifique. Pour autant, ils sont convaincus qu’il faut agir pour enrayer la crise climatique en cours.

Faire avancer chaque jour la science et produire les articles les plus complets possibles, c’est la forme d’engagement en faveur du climat qu’a choisie Alexis Lamothe.

De fortes convictions personnelles et une envie de provoquer une prise de conscience générale massive. C’est ce qui a poussé Gérémy Panthou à signer, en février 2020, la tribune du Monde appelant à la désobéissance civile face à l’inaction des gouvernants confrontés à l’urgence climatique. Ce dernier raconte les raisons de son engagement.

Médias locaux et climat

 

Camille Boulanger, Amel Dridi, Morgane Kouanda-Dévérin, Gwendolyne Langlois, Agathe Legrand